Session 2 : Les territoires - Teriitepaiatua MAIHI

Monsieur Teriitepaiatua MAIHI préside le Syndicat pour la Promotion des Communes qui est un syndicat intercommunal créée en 1980 et qui regroupe 45 des 48 communes de la Polynésie Française. Il a pour mission d’accompagner les communes dans leur développement, notamment par la formation des élus et agents.

Monsieur Maihi est maire délégué de la commune de Moorea-Maiao dans l’archipel de la société. Elu communal depuis 1995, il inscrit son action de président dans la nécessaire solidarité entre adhérents afin d’assurer un service équitable et de qualité à toutes les communes, même les plus éloignées de Tahiti.

La formation communale en Polynésie française : outil d’équité et de développement

La Polynésie française est une collectivité d’outre-mer de l’Etat Français. Elle dispose d’un statut particulier, dit « d’autonomie interne » lui conférant d’importants pouvoirs. Cette autonomie n’empêche pas l’existence de communes dont les compétences et le mode de fonctionnement sont très proches de leurs homologues de la République Française.

Ces communes évoluent dans un contexte géographique très particulier. La plupart d’entre elles font face à un double isolement : celui dû à l’insularité et à l’éloignement (près de 1 500 km pour certaines) de Tahiti, île principale ; et celui lié à l’isolement de la Polynésie Française dans le monde (plus de 5 000 km de la Nouvelle-Zélande, 18 000 km de la métropole).

Cet isolement, qui est bien sur un handicap, fait paradoxalement des communes des institutions incontournables pour la vie des populations locales. Parfois seules représentantes de l’autorité publique, elles demeurent également indispensables en matière de développement, d’activités, souvent au-delà de leurs compétences théoriques. La formation des élus et des agents de ces communes présente donc un enjeu important. La distance, l’isolement ne doivent pas être des obstacles à la qualité du service public rendu à chaque citoyen. L’accès de ces élus et de ces agents communaux à la formation, même dans les îles et communes les plus isolées est un devoir, une obligation même en terme d’équité.

Le défi à relever est grand, et de nombreuses contraintes existent. Le développement d’un réseau Internet de qualité, avec des vitesses de transmission acceptables, n’est malheureusement pas encore totalement abouti. Il constituera dans les années à venir une partie de la réponse au défi de la dispersion et des difficultés de transport inter îles.

La pratique des langues polynésiennes par les populations, et donc les personnes à former, est une difficulté mais aussi un atout culturel. Le bilinguisme français / polynésien dans la formation doit absolument intégrer cette réalité, notamment au niveau de la pratique et donc de l’appropriation par la langue polynésienne des concepts du monde communal, même si cela nécessite d’innover, de créer un vocabulaire spécifique.

Le Syndicat pour la Promotion des Communes (SPC.PF) regroupe 45 des 48 communes de Polynésie française. Il met en œuvre depuis près de 30 ans les valeurs de l’intercommunalité : solidarité et mutualisation des moyens. Elles s’inscrivent parfaitement dans ces objectifs de service pour tous : permettre aux communes les moins peuplées, souvent éloignées de Tahiti, de bénéficier d’un service équivalent. Pour cela, le SPC.PF développe une politique d’ouverture interne et externe.

Interne en Polynésie française où en facilitant les échanges, les rencontres, les liens entre des personnes qui travaillaient peu ensemble, l’isolement personnel qui était souvent la règle a été rompu.

Externe car en raison du faible nombre de communes et de la jeunesse de l’institution communale (moins de 40 ans d’existence), les expériences manquent. L’innovation et l’ouverture d’esprit sont difficiles, les domaines émergents toujours en décalage. Le développement de partenariats très divers s’impose donc, dans trois directions en particulier. Avec le Centre National de la Fonction Publique Territoriale en métropole pour l’extrême diversité de son offre en termes de soutien et d’expérience, avec l’association des communes de l’Outre-mer pour la similitude des problématiques ou avec la Nouvelle Calédonie, territoire du Pacifique le plus proche dont le contexte institutionnel est comparable.

La formation a donc un rôle majeur à jouer pour que l’institution communale devienne actrice du développement dans le contexte géographique particulier de la Polynésie française.

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