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COMITÉ MUNDIAL PARA EL APRENDIZAJE A LO LARGO DE TODA LA VIDA (CMA)

Togo

Delegado Nacional Mail / TEL Función
SANT-ANNA Mathilde tidosant@yahoo.fr Economiste & juriste

L’accès de tous à l’éducation, point de départ du développement

L’éducation est une voie fondamentale pour développer les potentialités et habiliter les individus et les communautés en les aidant à participer et à tirer meilleur parti du développement économique et social. L’éducation conditionne et favorise aussi une meilleure participation des populations à l’économie, au bien-être social, à la vie politique d’un pays.

L’éducation quant elle est traditionnelle vise à la fois l’acquisition de connaissances et de croyances religieuses et l’insertion sociale et professionnelle de l’apprenant dans la société. Ce faisant, non seulement, elle socialise garçons et filles en vue de permettre la survie de leur groupe social, mais aussi, elle les éduque pour exercer leur rôle spécifique dans la société, notamment celui de :

  • de mère et de reproductrice de la lignée pour les femmes qui doivent également assurer une part importante de la production quotidienne pour la famille,
  • de représentation et d’autorité de la famille pour les hommes, en plus des tâches de production

Au sein des familles togolaises, il existe un accès inégal à l’éducation formelle primaire, secondaire et universitaire entre hommes et femmes. La force de la tradition inspire quotidiennement l’éducation non formelle des filles et des garçons, et détermine à l’excès les statuts respectifs selon le sexe. Les femmes sont maintenues dans une situation de subordination. Les statistiques de sources différentes sont révélatrices des inégalités de scolarisation entre garçons et filles en Afrique et particulièrement au Togo et il existe un déficit de scolarisation important chez les filles.

Les causes de la sous-scolarisation des filles sont à la fois culturelles et économiques, et juridiques. L’idéologie traditionnelle de la place de la femme ne nécessite pas qu’un investissement important soit consenti pour la scolarité de la fille. Bien au contraire, cette dernière en aidant sa mère dans les tâches ménagères, se prépare par la même occasion à son futur rôle dans la sphère domestique. Mais une des raisons non négligeables de la sous scolarisation des filles au Togo, est également économique. L’éducation revient cher soit en termes de coûts directs, soit en terme d’opportunité et pour la plupart des parents, investir dans les garçons paraît plus rentable : ils assurent la descendance et donc la pérennité du nom et sont censés avoir le souci de leurs familles d’origine qu’ils aideront plus tard alors que la scolarisation des filles profitera à une autre famille, celle de son mari.

Comme pour rappeler la division sexuelle des tâches entre hommes et femmes, certaines disciplines telles que les arts ménagers et les métiers tels que la coiffure, la couture et le commerce semblent être réservées aux filles, alors que ces dernières ne sont que faiblement représentées dans les secteurs scientifiques et techniques.

Les disparités augmentent par ailleurs avec l’élévation du niveau scolaire : le pourcentage de fille inférieur à celui des garçons se réduit au fur et à mesure que l’on passe du primaire au niveau secondaire puis supérieur.

Au Togo, selon un rapport de l’UNICEF sur la situation des femmes et des enfants en 1998 (Femmes et enfants du Togo, UNICEF, 1998), sur une cohorte de 10.000 filles inscrites au CP1, seulement 588 atteindront le CM2 sans redoubler et une seule réussira le baccalauréat.

Aujourd’hui, les études montrent qu’il y a un recul de l’analphabétisme des femmes qui font des études au même titre que les hommes. En milieu rural comme urbain, l’élimination de toute conception stéréotypée des rôles de l’homme et de la femme à tous les niveaux et dans toutes les formes d’enseignement, tels que : donner les mêmes possibilités d’octroi de bourses et autres subventions pour les études aux filles et garçons, les mêmes possibilités d’accès aux programmes d’éducation permanente, y compris aux programmes d’alphabétisation pour adultes et d’alphabétisation fonctionnelle, la réduction des taux d’abandon féminin des études.

Tous les États reconnaissent comme droit constitutionnel le droit à l’éducation, et le renforcent en rendant obligatoire l’éducation pour les enfants. Ils s’obligent par ailleurs à rendre l’enseignement gratuit. Mais au Togo aucune reconnaissance n’est accordée explicitement au droit des femmes à l’éducation. Il se pose alors la question de savoir si des mesures législatives et autres existantes peuvent faciliter l’accès à ce droit constitutionnel à l’éducation. S’agissant de l’accès et du maintien des filles en milieu scolaire par exemple, certains pays ont légiféré pour contrer les obstacles à l’éducation des filles. Au Togo une mesure a été prise pour protéger les élèves et apprentis (Selon cette mesure, sont passibles d’amende et /ou de peine de prison toutes personnes ayant des relations sexuelles ou ayant mis enceinte une élève ou une apprentie).

Mais l’expérience a montré notamment que la sévérité de ces textes censée aider à maintenir les filles dans le système scolaire semble être un frein à son application. Les parents dont les filles sont enceintes ne veulent pas exercer une action sur la base de cette loi pour ne pas se retrouver dans l’obligation de subvenir aux besoins de leur fille et de sa progéniture si l’auteur de la grossesse est emprisonné. D’autre part, lorsqu’ils sont saisis de ce genre d’affaire, les juges pour la même raison, privilégient la responsabilisation de l’auteur de la grossesse à travers une tentative de conciliation. Si ce dernier accepte de subvenir aux besoins de la femme et de l’enfant, l’affaire s’arrête là. Malheureusement, un suivi n’est pas toujours fait pour s’assurer que les engagements pris par l’auteur sont vraiment respectés. Par ailleurs, cette solution ne résout pas la question de la poursuite de la scolarité par la fille après sa délivrance.

Parmi les autres types de mesures législatives adoptées, il faut signaler le vote d’une loi contre le harcèlement sexuel en milieu scolaire.

Enfin, des mesures ont été prises pour minorer le coût de la scolarisation des filles et lutter ainsi contre les causes économiques de cette sous-scolarisation au Togo depuis la rentrée scolaire 1998 –1999.